Les pro-Allègre ressemblent à la politique qu'ils défendentLes pro-Allègre sont une espèce fascinante, hyperadaptés à la société de communication dans laquelle ils évoluent. Quand on leur demande pourquoi ils sont favorables à la réforme Allègre, les réponses sont souvent évasives quant au contenu argumenté des réformes. Non, ce qui ressort la plupart du temps, c'est :
- les profs sont conservateurs, ils ne veulent aucune réforme
- il faut réformer le système éducatif (quel diagnostic? quel contenu de réforme? quel but? on ne le saura jamais)Bref, la réforme est la nouvelle idéologie de l'époque, qui n'a pas besoin d'être explicitée puisqu'il FAUT réformer. Réformer est ainsi devenu un verbe intransitif La réforme est parée de toutes les vertus, peu importe son contenu : la réforme est bonne parce qu'elle est la réforme. Vous ne comprenez donc pas ?
On sort ainsi des Lumières pour entrer dans l'âge de l'obscurantisme, de l'idôlatrie, de la superstition, de la croyance : la réforme ne renvoit plus à une nécessité que la Raison pourrait justifier mais est perçue comme une fatalité, une marque du Destin, le Fatum qui nous prive de notre liberté de choix. Elle signe aussi le triomphe des communicants, puisqu'un mot peut avoir une connotation positive indépendamment de son contenu.
Rarement ai-je entendu les partisans favorables à Allègre expliquer en détail les motivations de leur approbation. Quelles réformes trouvent-ils judicieuses ? La baisse de 10% des horaires en classe ? la marginalisation de certains exercices formateurs du raisonnement (démonstration, dissertation) ? l'allégement des programmes ? le projet de baccalauréat en contrôle continu qui consacrera un lycée à 2 vitesses ? On ne le saura jamais. C'est bien assez que les médias, les fédérations de parents d'élève, les élites soutiennent la réforme : ils ne manqueraient plus qu'on leur demande d'argumenter.
Finalement, les pro-Allègre ressemblent à la politique qu'ils prônent pour l'École : ils refusent de penser, d'argumenter et préfèrent le slogan à la Raison fondée sur la connaissance. Ils sont déjà formatés pour la cyberconsommation de demain.