Petit résumé de 25 ans de politique éducative
 

Les professeurs n'ont jamais pensé que le départ d'Allègre suffirait à résoudre les problèmes. Seulement, ce dont ils étaient convaincus, c'est que cet homme ne pouvait qu'enfoncer le système éducatif dans une crise encore plus profonde. Son projet n'était pas de refonder l'école mais de suivre la pente "égalitariste" poursuivie depuis 25 ans. Pourquoi ce qui a échoué depuis 25 ans réussirait-il aujourd'hui ? parce que c'est Claude Allègre qui mène la "réforme", avec un peu d'internet pour décorer le tout ? Soyons sérieux !

Depuis 25 ans, on considère :

1- que tous les élèves doivent suivre les mêmes programmes, en niant les différences de goûts, d'aptitudes, les lacunes accumulées chez certains, les talents non révélés chez d'autres. Les mêmes programmes pour tous, c'est forcément l'abaissement des contenus pour que tous puissent suivre. Ce qui a été déjà réalisé au collège, Allègre projetait de le réaliser au lycée (suppression de la dissertation, suppression de la démonstration en mathématiques en seconde, moins de philosophie, réduction de 10% des horaires, baccalauréat en contrôle continu)

2- que les élèves sont des flux qui doivent passer dans la classe supérieure quoi qu'il arrive. On n'instruit plus à Grenelle, on gère les flux. Les redoublements au collège sont exceptionnels, même avec des notes très faibles. En ce qui concerne le lycée, Jospin en 1989 a supprimé le redoublement en première : quoi qu'il arrive, on passe en terminale. Vous imaginez le niveau des terminales, qui passent toutes l'examen. Pour maintenir la fiction des 80% de reçus, il a donc fallu, par divers procédés, baisser le niveau du baccalauréat. Allègre allait dans ce sens : des directives ont été données pour réduire les redoublements en seconde, qui reste la dernière digue...

3- depuis 25 ans, on réduit les horaires : au primaire de 30 à 24 heures par semaine (on s'étonne ensuite que les élèves ne maîtrisent plus le français). Dans le secondaire, la réforme Bayrou est également allée dans ce sens : moins de français, moins de mathématiques, sans doute pour que les élèves aient de meilleurs résultats. Avec  Allègre, on continue : 10% de cours en moins au lycée pour tous les élèves. Dans tous les sports, dans tous les métiers, on admet que plus on s'exerce, meilleur on est. Visiblement, l'Ecole fait exception. pour quelle raison profonde ? Chut, c'est un mystère

4- tous les élèves doivent être conservés dans les établissements : on insulte un professeur ? on casse sa voiture ? on ne vient pas en classe ? Ce n'est pas grave, il est interdit d'exclure de tels élèves d'un établissement. Résultat : deux, trois élèves dans chaque classe se croient au dessus de loi et rendent la classe invivable pour tous. Et on osera dire ensuite que l'Ecole doit socialiser ! La 1ère règle de vie collective est la sanction quand un élément du groupe ne respecte pas cette même règle collective ! On veut que les professeurs éduquent sans avoir les moyens de le faire, c'est-à-dire les sanctions ! De qui se moque-t-on ? Au passage, Allègre a poursuivi la politique néfaste de ses prédécesseurs : au début de ce mois de mars, il a signé un décret réformant la composition des conseils de discipline. Le poids des parents y est renforcé au détriment de celui des professeurs : il était déjà difficile d'exclure un élève difficile. Désormais, ce sera impossible...
 

Le pire, c'est que cette politique est menée au nom de l'égalité. Décidément, dans nos sociétés de communication, les mots n'ont plus de sens....